Berceau de la culture vietnamienne, la région du delta du fleuve Rouge et les alentours de Hanoï recèle de bien belles curiosités culturelles. Sur un petit périmètre, trois temples et pagodes ont retenu toute notre attention.
Suivez-nous dans la province de Bac Ninh, à seulement une trentaine de kilomètres de la capitale du Vietnam, pour aller voir de plus près cet étonnant patrimoine culturel et religieux niché dans les plaines rizicoles du delta du fleuve Rouge.
Bac Ninh, berceau de la civilisation nationale
La pagode Bút Tháp
Classée vestige national depuis 1962, la pagode Bút Tháp ou pagode de la tour du pinceau est un véritable joyau architectural et sculptural. Fondée en 1037, la pagode a été rénovée et agrandie sous l’empereur Lê Than Tong. On la définie comme un vaste ensemble monastique d’une grande homogénéité architecturale noyé, dans une belle végétation comprenant plusieurs bâtiments, dont plusieurs remontent au XVIIème siècle, entourés d’une enceinte. A proximité de ce dernier, se trouve une tour en pierres blanches de 13 mètres de haut construite en 1646 pour abriter les reliques du moine Chuyet Chuyet. Cet abri funéraire octogonal en forme de pinceau et inspiré des stupas indiens se compose d’un rez-de-chaussée surmonté de quatre pavillons à étages, symbole des vertus de la pratique bouddhiste. Au sommet, le petit dôme évoque le nirvana, quant à la flèche, elle symbolise la compassion de Bouddha.
Déambuler dans l’enceinte monastique permet de s’imprégner de la sérénité bouddhiste mais aussi d’admirer ici et là quelques reliques remarquables. Admirez le travail minutieux réalisé sur le pont de pierre en dos d’âne réalisé et illustré de scènes de chasse en bas-reliefs. Celui-ci conduit au moulin à prières en bois du XIIIème siècle sculpté de motifs représentant les neuf consciences de Bouddha. On apprécie également les exceptionnelles pièces en bois de jacquier sculpté et laqué et surtout la statue, d’aspect très indien, de Quan Âm la déesse de la miséricorde. Réalisée en 1656 par le sculpteur Truong, cette statue en bois doré et laqué est l’incarnation de la compassion et de la sagesse. Ses mille bras sont une aide précieuse pour combattre le mal alors que ses mille yeux lui permettent de tout voir. L’original se trouve désormais au Musée d’histoire de Hanoi. A savoir que de nombreux membres de la famille royale Lê se sont retirés de la vie séculaire et ont choisi de finir leurs jours en retraite dans la pagode. Quoi de mieux en effet qu’un tel lieu rempli de sérénité pour finir ses jours !
La Pagode Dâu
Classée également vestige national, la Pagode Dâu peut s’enorgueillir d’être la plus vieille pagode du Vietnam. Construite en 187, au centre de la vieille citadelle de Luy Lâu aujourd’hui disparue, elle accueilla la première école bouddhiste vietnamienne appelée Vinitaruci. Son nom « Dâu » vient du nom du mûrier, une plante que les villageois cultivaient autrefois, et dont la couleur sombre fait référence à la statue de la pagode. Si la pagode Dâu a fait l’objet de nombreuses restaurations au cours des siècles, elle a toutefois gardé son inspiration de l’architecture orientale traditionnelle avec ses quatre rangées de maisons jointes formant un rectangle qui entourent trois bâtisses principales.
Ce haut lieu de culte des dynasties Ly et Tran, où les souverains ont organisé de grandes festivités est réputé dans tout le pays pour avoir conservé des objets précieux comme les sutras du bouddhisme, les six décrets royaux datant de la dynastie des Nguyên et surtout pour les momies (des copies) de deux bonzes qui, au XVIIème siècles, seraient parvenus grâce à une technique de méditation à maintenir une pose d’extase religieuse au-delà de leur mort, sans que leur cadavre n’entre en décomposition.
Autre élément intéressant, la tour Hòa Phong et ses trois de ses neuf étages originaux érigée au XVIIème siècle afin d’obtenir des divinités un temps clément et propice aux récoltes.
Le temple de Si Nhiep
Situé non loin de la pagode Dâu, le temple de Si Nhiep mérite bien un petit détour. Le temple de Si Nhiep reconnu monument architectural national a été érigé également au IIème siècle en hommage à Si Nhiep, présenté comme le fondateur du confucianisme au Vietnam. On apprécie tout particulièrement la grande porte centrale délavée par le temple et son vieux petit temple en bois que viennent encadrer deux beaux grands arbres.