L’héritage architectural français de Hanoï
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La capitale du Vietnam a connu différents boulversements dans son histoire comme l’arrivée des migrations chinoises ou l’arrivée des colons français qui ont donné à Hanoi un caractère bien particulier. La présence française a notamment donné lieu à des empreintes indélébiles dans le paysage urbain de la capitale. D’après Pham Xanh, professeur-docteur de l’Université des Sciences sociales et humaines, l’année 1873 marqua l’arrivée des Français à Hanoï et peu de temps après, ils commencèrent à installer de grandes constructions sur cette terre nouvellement concédée.
Comme le souligne Paul Bert, gouverneur général, qui lança le projet de la vitrine de France en Indochine : « Tout était permis, pourvu qu’on inscrivît la puissance coloniale dans la pierre ». Mais le processus d’implantation de l’architecture française à Hanoi s’est étalé sur deux périodes différentes. La première, de 1900 à 1920, est vue comme une « imposition stricte de l’architecture française», avec l’apparition de constructions au style tout à fait français. Les plus connues sont l’Opéra de Hanoi, l’Hôtel Métropole, la cathédrale Saint Josèphe ou la Banque de l’Indochine. Ces établissements furent de style classique, monumentaux et aux façades imposantes, montrant la stabilité du Protectorat et l’envie d’une présence coloniale durable au Vietnam.
Mais la frénésie de construction se calme à l’arrivée d’Ernest Hébrard en 1921. L’architecte en chef des bâtiments civils de l’Indochine impose un plan d’urbanisme en 1924. Précurseur et visionnaire, il est l’auteur du style indochinois, une osmose de l’architecture traditionnelle locale et du style occidental. C’est lui le premier qui a préconisé une rénovation et rompu avec les tendances architecturales régnant à cette époque dans la métropole qui ne convenaient pas à un pays tropical. De 1921 à 1954, l’architecture française au Vietnam s’est ainsi modifiée pour s’harmoniser avec l’environnement naturel et le mode de vie local. Les édifices les plus typiques de cette inspiration sont l’Université de l’Indochine (devenue Université nationale), la Recette générale des finances (devenue Ministère des Affaires Etrangères) et le musée Louis Finot de l’Ecole française d’Extrême-Orient (devenu le Musée national d’histoire vietnamienne).
La physionomie de Hanoi a depuis beaucoup changé. De nombreuses rues ont été restaurées ou élargies. D’autres ont été construites. Certaines belles demeures coloniales ont été rasées pour laisser place à des buildings. Mais la grâce de Hanoï réside toujours dans ses grandes rues d’inspiration française, bordées de magnifiques villas et d’arbres centenaires. Chaque demeure a son propre style reflétant les différentes régions de France. Le style du centre se retrouve dans les rues Phan Dinh Phung, Hoàng Dieu, Tran Phu et Lê Hong Phong tandis que le style méridional a laissé son empreinte dans les rues Quang Trung et Tran Quoc Toan. Et puis le charme de Hanoi réside dans cette subtilité à marier l’ancien et le nouveau ce qui en fait une ville fascinante et attachante.