A travers notre série sur les villages d’artisans autour de Hanoi, nous continuons de vous présenter des villages atypiques garants de savoir-faire ancestraux. Penchons-nous aujourd’hui sur le village de Thổ Hà.
L’âge d’or de la céramique de Thô Hà
Le village traditionnel de Thổ Hà, à environ 50 km au Nord-Ouest de Hanoi dans la province de Bac Giang (à ne pas confondre avec le village du même nom situé lui dans la province de Ninh Binh), fut à partir du 11ème siècle un grand centre de céramique, de faïencerie, de poteries et d’urnes funéraires. L’âge d’or de la céramique de Thô Hà remonte au 14ème siècle. A cette époque, Thô Hà rivalisait avec les deux autres grands centres de céramique les plus réputés du pays : Phù Lang (Quê Vo, Bac Ninh) et Bat Tràng (Gia Lâm, Hanoi). D’ailleurs, forts de ce commerce florissant, les villageois firent construire en 1663 une imposante maison communale. La deuxième plus grande du Nord, c’est dire ! Victime des vicissitudes de la modernité, les clients se détournant de ses produits traditionnels au profit de céramiques modernes, plus durables et moins coûteuses, l’artisanat du village a périclité.
La reconversion du village
De nos jours, les villageois de Tho Ha se sont tournés vers la confection de grandes galettes de riz dont on peut suivre l’entier processus en visitant le village. En vous baladant dans les ruelles du village, vous verrez tour à tour les villageois préparer la pâte, faire cuire les galettes sur de gros braseros et faire les sécher au soleil sur des planches en bambou tressé. Vous remarquerez que certains murs des maisons ont été construits à partir de vieilles céramiques et terres cuites.
Une culture bien préservée
Enchâssé sur une presqu’île de la rivière Cau, on accède au village par un petit bac. Pied à terre, on est de suite transporté dans un Vietnam d’autrefois avec son architecture typique du fleuve Rouge caractérisée par son imposante porte de village, sa remarquable maison communale, sa pagode, sa myriade de petits temples enchevêtrés dans le zigzag des maisons anciennes et ses banians séculaires. Pas étonnant que Thô Hà attirent de nombreux producteurs de films, peintres et photographes. Cet ancrage dans la culture du delta se manifeste également par la fête du village qui a lieu une fois tous les deux ans, du 20e au 22e jour du premier mois lunaire, pour commémorer Dào Tri Tiên, Saint Patron des faïenciers locaux.